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Yagyu Shingan
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«Quand je me suis présenté au dojo de Senseï Tomio Aizawa, celui-ci a émis des doutes sur mes capacités à pratiquer le Yagyu Shingan Ryu. Il me jugeait trop petit et trop faible. Mais il a été rassuré ensuite. Il a vu que j'avais en moi la violence nécessaire à la pratique de cet art de combat. »
Les propos de Kenji Shimazu, soke de l'école Yagyu Shingan Heïho Jutsu, ont de quoi surprendre.
Maître Shimazu revendique le caractère martial d'un art qui puise ses racines dans le haut moyen-âge japonais. Cette école, complète et authentique, qui a assuré pendant des siècles la protection de l'Empereur du Japon en formant ses gardes du corps, s'est spécialisée, comme son nom l'indique, dans l'art de la guerre.
Certains maîtres d'arts martiaux ne se sont d'ailleurs pas trompés sur l'importance de son héritage.
Morihei Ueshiba, fondateur de l'aïkido, aurait pratiqué l'art du bâton dans un dojo de l'école Yagyu Shingan avant de partir pour la Mandchourie. Jigoro Kano aurait créé Kata Guruma à partir d'une technique appelée Kino Katsugi issue du Torite (techniques à main nue, ancêtre du yawara, source du jiu-jitsu) du Yagyu Ryu. Pour la petite histoire, Kano l'a transmise en inversant les positions de pieds et Kata Guruma est devenu un porté d'épaule.

Au Japon, L'école Yagyu Shingan a laissé une empreinte historique et martiale. La retrouver des siècles plus tard, implantée en France a été une gageure. Par définition, l'école fait partie des KORYU (écoles anciennes). C'est une école traditionnelle, une école de l'ombre. Disons qu'il ne suffit pas de se présenter pour espérer se voir délivrer l'enseignement. Dans les années 1960, Donn Draeger, pratiquant émérite de la Katori Shinto Ryu, journaliste et historien, en a fait l'amère expérience. Il s'est vu refuser l'accès au dojo ! Plus récemment un maître japonais de Karaté, auteur de chroniques et de livres sur le Budo, installé en France depuis des années, aurait subi la même déconvenue...
Pendant des années, Maître Aizawa (courant de Edo) a enseigné uniquement à sept élèves. Le Yagyu Shingan compte moins sur le nombre de pratiquants que sur leur valeur technique et morale. Le seul Menkyo Kaiden qu'il ait formé, Maître Kenji Shimazu, devenu à la mort de son maître le soke de l'école, n'a enseigné personnellement qu'à deux occidentaux :
Philippe Barthélémy puis Philip Hinshelwood, australien, expert de jiu-jitsu, policier de son état.